OPINION
Tribune
Quand une maladresse politique révèle l’hypocrisie ambiante
Par Kadir Duran – Bruxelles
Le vice-premier ministre David Clarinval est aujourd’hui la cible d’une attaque en meute de la gauche, pour avoir montré — chiffres de l’ONEM à l’appui — qu’un pourcentage élevé des futurs exclus du chômage est d’origine étrangère.
Une phrase, un chiffre, et immédiatement : indignation, condamnations, moralisation instantanée.
Mais au-delà du bruit, il faut analyser le fond.
Clarinval n’a pas tenté de lancer une croisade identitaire.
Il a cherché, de manière maladroite, à répondre à l’accusation selon laquelle il “pénaliserait les Belges”.
En voulant démontrer que sa réforme n’était pas dirigée contre une catégorie nationale, il a glissé sur un terrain glissant où les mots deviennent des armes.
Selon ma conviction, ce n’est pas une manœuvre calculée.
C’est une erreur humaine, un réflexe défensif mal maîtrisé. Mais cela ne l’excuse pas pour autant.
Parce qu’un ministre surtout un vice-premier ne peut en aucun cas se permettre des amalgames susceptibles d’alimenter la confusion, la division et le chaos.
Encore moins dans une période où toutes les négociations politiques sont à l’arrêt, où le pays patine, où la population attend des réponses et non des étincelles verbales jetées sur un terrain déjà inflammable.
La parole ministérielle n’est pas un micro de comptoir.
Elle engage l’État.
Elle structure l’opinion.
Elle crée ou apaise les tensions.
Dans ce contexte, Clarinval doit rapidement présenter des excuses claires et sincères, reconnaître la portée de ses mots et apaiser.
Et s’il n’en est pas capable, assumer pleinement la responsabilité politique que cela implique y compris la démission.
Mais la véritable question est ailleurs
Ce qui frappe, ce n’est pas uniquement la bourde. C’est la réactivité exemplaire de ceux qui s’en sont saisis.
Les mêmes forces politiques qui, depuis plus de 500 jours, sont incapables :
• de former un gouvernement à Bruxelles,
• d’avancer sur les réformes indispensables,
• de proposer un cap clair,
• de sortir la Région de l’asphyxie budgétaire,
se sont soudain découvert une énergie spectaculaire… pour s’indigner.
Quand il faut dénoncer, ils accourent.
Quand il faut gouverner, ils disparaissent.
La politique belge semble désormais fonctionner selon deux vitesses :
•
Indignation immédiate et communication permanente
•
Action différée, réformes inexistantes, responsabilités fuyantes
Un pays ne se dirige pas en commentant les erreurs des autres.
Il se construit en assumant ses devoirs.
Notre problème n’est pas une phrase. C’est une absence de volonté
Ce nouvel épisode confirme une vérité embarrassante :
La Belgique manque moins de compétences que de courage politique.
On préfère punir une maladresse que corriger un système.
On préfère faire la morale que faire des choix.
On préfère exister dans l’indignation que bâtir dans la difficulté.
Le citoyen n’attend pas des joutes verbales. Il attend des résultats, une vision, des solutions.
J’observe. J’analyse. Je signe.










































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