Le MR sur le point d’abandonner Bruxelles ?
Le MR et Les Engagés ? Une union de façade, vite fissurée par le poids des promesses non tenues.
Fusion des zones de police : la réforme sans refinancement qui divise
Par Kadir Duran, 18 juillet 2025
Une réforme attendue… mais imposée ?
Vendredi 18 juillet, le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR) annonçait fièrement un accord au sein du gouvernement fédéral pour fusionner les six zones de police bruxelloises. Une mesure longtemps évoquée, censée rationaliser la gouvernance policière dans une capitale aussi fragmentée qu’exigeante.
Sur le papier, une telle réforme semble logique. La création d’une zone unique dotée d’un commandement centralisé, coordonné avec les 19 bourgmestres et les autorités judiciaires, répond à un besoin de cohérence et d’efficacité. Pour en faciliter la mise en place, 55 millions d’euros sont promis sur cinq ans.
Mais pour de nombreux acteurs locaux, le diable se cache dans les conditions.
Une trahison du compromis “Arizona” ?
Les premières réactions ne se sont pas fait attendre. Le président des Engagés Bruxelles, Christophe De Beukelaer, dénonce une rupture d’engagement. Il rappelle que Les Engagés avaient accepté le principe de la fusion dans le cadre de l’accord de majorité “Arizona”, à condition expresse qu’il soit accompagné d’un refinancement structurel de la police bruxelloise.
Or, ce refinancement massif , estimé entre 300 et 500 millions d’euros sur la législature n’apparaît nulle part dans l’annonce gouvernementale. Pire encore, selon De Beukelaer, le MR agit seul, contournant les bourgmestres de la capitale à qui des promesses avaient pourtant été faites.
Une réforme imposée… sans amélioration de terrain ?
Une idylle avortée entre le MR et Les Engagés, à peine née, déjà trahie.
Le malaise est partagé localement. Le bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre, Benoît Cerexhe (Les Engagés), dénonce une réforme qui « coûtera cher sans améliorer la sécurité ». Il va plus loin : cette centralisation pourrait ouvrir la porte à des revendications communautaires flamandes, notamment la fusion des CPAS et des communes, qui fragiliseraient encore davantage le modèle bruxellois.
Pour ces élus, la sécurité ne se décrète pas à coups de structures administratives, mais se construit avec des moyens humains, logistiques et financiers adaptés au terrain. Bruxelles, qui représente un défi sécuritaire particulier dans le pays, ne peut se permettre une réforme de façade.
Que cache vraiment cette manœuvre du MR ?
Dans un contexte politique tendu, le MR semble vouloir afficher des résultats, quitte à piétiner le travail de concertation. À travers cette fusion précipitée, se joue aussi une forme de recentralisation de l’autorité, dans une région où les communes francophones gardent jalousement leurs compétences.
Entre le MR et Les Engagés, l’idylle n’aura pas survécu au premier test de loyauté.
Derrière la volonté affichée d’efficacité, c’est la question du pouvoir et du contrôle qui refait surface. Le signal envoyé est désastreux : Bruxelles n’est pas une priorité, ou du moins, pas un partenaire. Le sous-financement chronique de sa police reste intact, et les engagements politiques pris lors des négociations sont relégués au second plan.
L’avenir de Bruxelles se décide sans Bruxelles ?
À ce rythme, la majorité bruxelloise pourrait devenir une simple illusion arithmétique.
La réforme va désormais suivre son parcours administratif, avec un passage devant le Conseil d’État. Mais la rupture politique est, elle, bien consommée. Certains bourgmestres évoquent déjà le recours aux voies de droit. La méfiance est là. Et avec elle, le soupçon que le gouvernement fédéral, et surtout le MR, utilise Bruxelles comme vitrine de réformes qu’il ne finance pas.
Conclusion : réforme de façade ou réforme trahie ?
La fusion des zones de police pourrait être une bonne idée… si elle respectait les engagements pris et les besoins réels du terrain. En son état actuel, elle apparaît comme un acte politique plus qu’une solution durable, fragilisant la confiance entre partenaires francophones du gouvernement, et relançant la question de l’abandon progressif de Bruxelles par ses propres décideurs.
Les tensions entre partenaires mettent en péril la stabilité de la majorité bruxelloise.
La question reste posée. Si la capitale est utilisée comme vitrine de réformes non financées, sans respect des partenaires politiques locaux, alors oui, le MR est bel et bien en train d’abandonner Bruxelles. Non pas par départ, mais par désengagement.
Le climat de défiance au sein du gouvernement bruxellois laisse craindre une rupture imminente de la majorité.
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