? L’Ouzbékistan veut devenir le “pharma hub” de l’Asie centrale
Abdulla Azizov à Bruxelles : « Nous offrons un écosystème complet pour les investisseurs européens »
Par Kadir Duran – Bruxelles Korner
Bruxelles, octobre 2025

L’industrie pharmaceutique est aujourd’hui l’un des moteurs les plus puissants de la transformation économique de l’Ouzbékistan.
Lors de la Journée économique de l’Ouzbékistan en Europe, organisée à Bruxelles, M. Abdulla Azizov, directeur de la Pharmaceutical Industry Development Agency (ministère de la Santé), a exposé une stratégie ambitieuse : faire du pays le centre pharmaceutique et cosmétique de l’Asie centrale.
? Une industrie en pleine expansion
« La croissance du PIB dépasse les 6 %, et notre population atteint 38 millions d’habitants », a rappelé Abdulla Azizov.
Avec un marché intérieur de 3 milliards USD et un marché régional d’environ 10 milliards USD, la demande dépasse largement la production actuelle.
« 92 % des produits pharmaceutiques consommés en Asie centrale sont importés : c’est une occasion unique d’investir dans la production locale », a-t-il souligné.
Les exportations pharmaceutiques ouzbèkes sont passées de 17 millions USD en 2017 à 250 millions USD aujourd’hui, avec une croissance annuelle supérieure à 50 %.
L’objectif est désormais de conquérir une part significative du marché de 55 milliards USD de la Communauté des États indépendants (CEI).
⚙️ Un environnement fiscal et industriel très compétitif
L’Ouzbékistan se distingue par un cadre fiscal simple et attractif :
Impôt sur le revenu : 12 %
Impôt sur les sociétés : 15 %
TVA : 12 %
Le coût de production reste extrêmement bas : électricité à 0,08 USD/kWh (avec un objectif de 0,03 USD), gaz naturel à 0,16 USD/m³, eau à 0,24 USD/m³, et salaires moyens mensuels entre 300 et 400 USD.
Six zones économiques franches – dont la plus emblématique, le Tashkent Pharma Park – offrent :
terrains quasi gratuits (20 000 USD/ha au lieu de 3 millions),
infrastructures complètes,
exonérations fiscales jusqu’à 10 ans,
et exemption de droits de douane sur les équipements importés.
Les investisseurs bénéficient en outre d’une préférence de 40 % sur les marchés publics et d’un remboursement partiel des frais d’enregistrement à l’étranger.
? Tashkent Pharma Park : un écosystème unique en Eurasie
Projet phare de la stratégie nationale, Tashkent Pharma Park représente 1,5 milliard USD d’investissements et 29 projets déjà signés.
Selon Abdulla Azizov, il s’agit du cluster pharmaceutique le plus complet de toute la CEI :
« C’est un écosystème intégré : université, recherche, régulation et production, réunis sur un même site. »
Le parc abrite une université nationale pharmaceutique (créée en partenariat avec le Royaume-Uni, 4 000 étudiants), des centres de R&D préclinique et clinique, un centre génomique, un centre de données, et des dizaines d’entreprises de production.
? Des ressources naturelles et cosmétiques à fort potentiel
Au-delà du médicament, le pays entend devenir un acteur majeur du marché des cosmétiques (estimé à 2 milliards USD, importé à 100 %).
L’Ouzbékistan dispose de plus de 700 espèces d’herbes médicinales, dont à peine 100 sont exploitées à ce jour.
Cette biodiversité unique ouvre la voie à une production de phytothérapie et de cosmétiques naturels à haute valeur ajoutée.
? Un message clair aux investisseurs européens
Pour Abdulla Azizov, la complémentarité entre l’Europe et l’Ouzbékistan est évidente :
« L’Europe possède la technologie ; nous avons les ressources, la localisation et les incitations. Ensemble, nous pouvons bâtir une industrie pharmaceutique durable et compétitive. »
Avec une fiscalité simple, une main-d’œuvre qualifiée et une ouverture croissante aux normes internationales, l’Ouzbékistan se positionne comme le futur laboratoire industriel de l’Eurasie.











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