À la découverte de l’île d’Akhtamar : joyau du lac de Van et témoin d’une histoire millénaire
Parmi les perles méconnues du patrimoine turc, l’île d’Akhtamar, nichée dans les eaux paisibles du lac de Van, occupe une place singulière. Connue pour sa beauté naturelle et son riche passé religieux, elle attire aussi bien les amateurs d’histoire que les voyageurs en quête de spiritualité et de paysages inspirants.
Un lieu sacré au cœur de l’Anatolie orientale
Située dans les limites de la province de Van, l’île d’Akhtamar abrite l’une des plus belles églises médiévales de Turquie : l’église Sainte-Croix (Surp Haç). Cet édifice remarquable fut construit entre 915 et 921, à la demande du roi arménien Gagik Ier de Vaspurakan, pour abriter une relique sacrée : un fragment de la vraie croix, qui aurait été transportée depuis Jérusalem.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’île a accueilli une communauté religieuse florissante. Près de 300 moines y vivaient, priant et conservant les traditions arméniennes dans ce lieu retiré du monde.
Aujourd’hui, bien que les offices religieux n’y soient autorisés qu’une fois par an avec l’accord du ministère de la Culture et du Tourisme, le site reste un symbole fort de coexistence culturelle et de mémoire historique.
La légende de Tamara : un amour tragique devenu toponyme
Le nom “Akhtamar” n’est pas seulement géographique, il est aussi chargé de poésie. Une vieille légende raconte qu’un jeune berger, épris de la belle Tamara, fille d’un prêtre arménien vivant sur l’île, traversait chaque nuit à la nage les eaux du lac pour la rejoindre. Tamara l’attendait avec une lanterne pour le guider.
Un soir, le père de la jeune fille, ayant découvert leur secret, décida de piéger le garçon. Il se rendit sur le rivage avec la lanterne, déplaçant sans cesse la lumière dans la tempête, jusqu’à ce que le jeune homme, exténué, se noie. On raconte que son dernier cri fut : “Ah, Tamara !”. Submergée par la douleur, Tamara se jeta à son tour dans le lac. Depuis, l’île porterait ce nom en mémoire de cet amour tragique.
Un joyau naturel et architectural
Avec sa superficie de 70 000 m² et un littoral de trois kilomètres, Akhtamar est la deuxième plus grande île du lac de Van. Son sommet culmine à 1 912 mètres d’altitude. C’est un lieu à la fois paisible et imposant, où l’histoire se mêle à la beauté sauvage des montagnes.
L’église Sainte-Croix, construite en pierre d’andésite rouge, impressionne par ses bas-reliefs sculptés représentant des scènes bibliques et des motifs floraux. À l’intérieur, des fresques représentant Jésus-Christ témoignent de l’apogée de l’art arménien médiéval. Certains détails architecturaux reflètent également l’influence de l’art turco-persan venu d’Asie centrale.
Un pont entre les cultures
L’île d’Akhtamar n’est pas seulement un lieu de culte ou une halte touristique. Elle incarne un pan de l’histoire partagée entre les peuples qui ont habité l’Anatolie au fil des siècles. Par son architecture, ses récits et son silence empreint de mémoire, elle nous invite à la contemplation autant qu’à la compréhension de notre passé commun.
Pour Finir, Le mystère du lac de Van
Depuis des siècles, les eaux profondes du lac de Van abriteraient une créature légendaire surnommée le monstre du lac de Van (Van Gölü Canavarı). Des récits anciens parlent de « vishaps », des dragons aquatiques issus de la mythologie arménienne, censés résider dans le lac.
En 1997, une vidéo controversée aurait capturé une silhouette ondulante à la surface du lac, relançant les spéculations. Certains y voient un cousin de Nessie, d’autres une légende destinée à attirer les curieux.
Aujourd’hui encore, le mystère reste entier.
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