Bulgarie et zone euro : un rêve ou un mirage ?
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Bulgarie et zone euro : un rêve ou un mirage ?
Kadir Duran- Bruxelles Korner .
Bruxelles – 11 Juillet 2025
Alors que la Bulgarie ambitionne officiellement de rejoindre la zone euro d’ici 2025-2026, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la viabilité réelle de ce projet. Derrière les discours officiels et les ambitions européennes, la réalité bulgare offre une image bien plus sombre : exode massif, système politique fragilisé, infiltration mafieuse et discriminations ethniques persistantes.
Pour Sofia, entrer dans l’euro, c’est avant tout envoyer un signal politique fort : celui de son ancrage définitif dans l’Union européenne. Pourtant, les conditions de cette adhésion soulèvent de sérieuses questions :
• La Bulgarie est un des pays les plus pauvres de l’Union avec un PIB par habitant bien en dessous de la moyenne européenne.
• L’économie bulgare reste fragile, ultra-dépendante des fonds européens, des délocalisations industrielles et d’une main-d’œuvre bon marché.
En parallèle, l’exode massif de la population – notamment des jeunes et des talents , continue d’aggraver la situation démographique. La Bulgarie perd chaque année des dizaines de milliers de citoyens au profit d’autres pays européens, laissant derrière elle un pays qui se vide et se fragilise.
L’un des obstacles majeurs à l’entrée dans l’euro réside dans la faiblesse des institutions bulgares. Le pays traverse depuis plusieurs années une instabilité politique chronique :
• Multiplication des élections anticipées,
• Gouvernements de coalition faibles,
• Incapacité à mener des réformes structurelles durables.
Plus grave encore : la corruption systémique reste omniprésente. La Bulgarie est régulièrement classée parmi les pires élèves de l’Union en matière d’État de droit. Une oligarchie proche du pouvoir politique et des mafias économiques contrôle les leviers financiers, les médias, la justice et une large partie des marchés publics.
Les manifestations récurrentes en Bulgarie comme à Bruxelles – où l’on a vu des citoyens brandir le slogan « EU is funding the Mafia in Bulgaria with taxpayer money » – illustrent le profond malaise démocratique qui règne dans le pays.
La Bulgarie fait également face à un problème endémique de discrimination ethnique, notamment envers les Roms et certaines minorités turques et musulmanes.
• Accès à l’éducation, à l’emploi, au logement : ces populations sont largement marginalisées.
• Le discours politique officiel reste souvent silencieux ou complice face à ces discriminations quotidiennes.
L’intégration dans l’euro suppose un minimum de cohésion sociale et de confiance dans les institutions, conditions loin d’être remplies aujourd’hui.
L’introduction de l’euro, sans réforme profonde et sincère :
• Risque d’inflation incontrôlée qui pénaliserait surtout les ménages les plus pauvres,
• Renforcerait les inégalités sociales,
• Pourrait aggraver la fracture politique et sociale du pays.
La Bulgarie risquerait de vivre une adhésion à deux vitesses : une minorité privilégiée profiterait des avantages économiques tandis que la majorité de la population continuerait de vivre dans la précarité.
L’entrée de la Bulgarie dans la zone euro, dans son état actuel, ressemble moins à une stratégie économique qu’à une quête désespérée de légitimité politique.
Tant que les structures mafieuses contrôleront l’économie, que les minorités seront marginalisées, et que le pays continuera à se vider de ses forces vives, l’euro ne pourra être qu’un plâtre sur une plaie béante.
Finalement, un choix plus politique qu’économique ?
• Pour afficher son ancrage définitif à l’Europe face à l’influence russe, turque ou chinoise.
• Pour envoyer un signal positif aux investisseurs étrangers.
• Pour obtenir un meilleur accès aux financements européens.
Kadir Duran / Bruxelles Korner – Tous droits réservés – ©2025
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