La Belgique a refusé d’être le parachute de toute l’Europe
L’UE a acheté l’Ukraine en soldes
90 milliards d’euros sans faire payer la Russie : quand l’Europe paie, et que la Belgique dit stop
Par Kadir Duran – Bruxelles Korner
Bruxelles, décembre 2025

L’Union européenne n’a pas confisqué les avoirs russes.
Elle a sorti le carnet de chèques.
À l’issue d’un sommet européen tendu, marqué par des heures de tractations nocturnes, les Vingt-Sept ont trouvé 90 milliards d’euros pour financer l’Ukraine sur la période 2026–2027. Un montant colossal, vital pour Kiev. Mais obtenu sans toucher aux 210 milliards d’euros d’avoirs russes gelés, pourtant disponibles sur le sol européen.
Résultat brut :
la Russie ne paie pas,
l’Europe paie,
et l’Ukraine est financée… à crédit.
D’où ce constat dérangeant, que personne n’ose formuler officiellement :
l’UE n’a pas fait payer l’agresseur , Elle a acheté la survie ukrainienne en soldes.
90 milliards pour Kiev, zéro euro pris à Moscou
Volodymyr Zelensky n’a pas fait le déplacement à Bruxelles pour rien. Il repart avec de l’argent, et beaucoup. Mais pas avec ce qu’il réclamait depuis des mois : un signal politique fort consistant à faire payer directement la Russie de Vladimir Poutine.
Le compromis adopté est clair :
un prêt européen de 90 milliards d’euros,
à taux zéro,
financé par le budget de l’Union européenne,
sans mécanisme de confiscation des actifs russes.
Une solution d’urgence, certes.
Mais aussi un aveu : l’Union européenne préfère s’endetter plutôt que d’assumer un précédent juridique explosif.
Le tabou des avoirs russes : morale proclamée, droit redouté
Sur le plan moral, le raisonnement est imparable :
Pourquoi demander aux contribuables européens de financer une guerre provoquée par Moscou, alors que des centaines de milliards russes sont déjà gelés en Europe ?
Sur le plan juridique et financier, la réponse est beaucoup moins confortable :
risque de contentieux internationaux massifs,
menace sur la sécurité juridique de la place financière européenne,
risque de représailles économiques et diplomatiques russes.
Et surtout :
un pays serait en première ligne en cas de tempête.
La Belgique sous pression : seule face au risque
Ce pays, c’est la Belgique.
Plus de 210 milliards d’euros d’avoirs russes sont gelés sur son territoire, notamment via Euroclear.
En cas de saisie ou de confiscation forcée, les conséquences ne seraient pas européennes, mais d’abord belges.
Bart De Wever l’a résumé sans détour devant le Parlement :
« On a besoin d’un parachute avant de sauter. Si on nous demande de sauter, on saute tous ensemble. »
Traduction politique :
pas de chèque en blanc,
pas de solidarité verbale sans garanties écrites,
pas de courage européen… quand le risque est national.
Les partenaires européens ont promis une solidarité de principe.
Mais aucune garantie suffisante pour couvrir un scénario de représailles ou de procédures judiciaires de grande ampleur.
Résultat : blocage, puis contournement du problème.
Bart De Wever : le réalisme contre la posture
Dans une Europe souvent tentée par la communication morale avant l’analyse des conséquences, la position belge tranche.
Bart De Wever n’a pas dit non à l’Ukraine.
Il a dit non à :
une décision juridiquement fragile,
financièrement asymétrique,
politiquement mal partagée.
Pendant que certains dirigeants plaidaient pour « faire payer Poutine »,
la Belgique rappelait une réalité moins glamour : quand ça tourne mal, il faut savoir qui paie les pots cassés.
Et cette fois, le rapport de force n’a pas été médiatique, mais comptable.
Une Europe solidaire… mais encore frileuse
Ce sommet révèle une vérité que Bruxelles peine à assumer publiquement :
L’Union européenne est prête à financer l’Ukraine.
Mais elle n’est pas encore prête à assumer une guerre juridique totale avec la Russie.
Le message envoyé à Moscou est « clair », disent les communiqués.
Mais il est surtout cher, prudent, et plein de clauses invisibles.
Dans les faits :
la Russie conserve ses avoirs,
l’Europe s’endette,
l’Ukraine survit, mais à crédit.
Avis de Bruxelles Korner
Ce sommet n’est ni une victoire éclatante, ni un échec total.
C’est un compromis européen classique : coûteux, prudent, inconfortable.
Mais une chose est désormais claire :
l’UE n’a pas fait payer la Russie. Elle a payé à sa place.
Et dans ce jeu d’équilibristes diplomatiques,
la Belgique a refusé d’être le parachute de toute l’Europe.

Bravo Bart.
Pour un “séparatiste”, tu as démontré un talent rare à Bruxelles :
défendre l’intérêt belge quand l’Union européenne hésite.
En refusant de faire de la Belgique le bouclier juridique de toute l’Europe,
tu n’as pas servi un agenda communautaire,
tu as préservé un État, ses finances et sa sécurité juridique.
Ironie de l’histoire :
ce n’est pas en détricotant la Belgique,
mais en la protégeant,
que tu as marqué des points à l’UE.
Par Kadir Duran
Bruxelles Korner










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