Le budget régional 2026 à la traîne ( 1Milliard 2 ou 1 Milliard 5 )
Bruxelles : capitale en déficit, gouvernance en déni
Éditorial – Par Kadir Duran, Bruxelles Korner
Bruxelles vit au rythme de ses crises.
Cette fois, c’est un budget qui met le feu aux poudres : un milliard d’euros d’économies à trouver, des caisses vides, et une classe politique qui semble découvrir l’ampleur du gouffre.
Des négociations qui s’éternisent
À Bruxelles, le dossier budgétaire pour 2026 s’enlise dans une lenteur préoccupante.
Alors que le formateur David Leisterh (MR) tente depuis des semaines de trouver un accord avec les six partis impliqués, les discussions ressemblent de plus en plus à un dialogue de sourds.
Les réunions à la Bibliothèque Solvay se succèdent sans percée réelle : entre promesses de rigueur et pressions sociales, chaque camp campe sur ses positions.
Le constat est désormais partagé : la Région n’a toujours pas de trajectoire budgétaire crédible pour l’année prochaine. Le déficit estimé à 1,5 milliard d’euros en 2025 risque même d’augmenter si aucune mesure structurelle n’est prise d’ici la fin de l’année.
Des conséquences bien réelles sur le terrain
Ce retard budgétaire n’est pas qu’un détail administratif : il a des effets directs sur la vie locale.
Les communes, déjà étranglées par la hausse des coûts de l’énergie et de la dette, attendent les transferts régionaux pour lancer leurs projets d’infrastructures et maintenir leurs services sociaux.
Les CPAS s’inquiètent d’un financement insuffisant pour 2026, alors que les demandes d’aide explosent.
Même les investissements dans la mobilité notamment la prolongation du métro 3 et les chantiers STIB risquent d’être ralentis faute de visibilité financière.
Dans plusieurs administrations, on évoque déjà la prolongation du régime des douzièmes provisoires, synonyme d’immobilisme et de gel des dépenses.
Une situation qui décrédibiliserait encore davantage la Région auprès du Fédéral et des institutions européennes, déjà préoccupés par la trajectoire de la dette bruxelloise.
Une capitale sans cap budgétaire
La lenteur des négociations traduit un malaise plus profond : Bruxelles n’a plus de pilotage économique cohérent.
Les partis se disputent sur la manière d’économiser un milliard, mais aucun ne semble vouloir poser la question de fond : pourquoi la Région dépense-t-elle autant ?
Les structures administratives se chevauchent, les politiques sociales se répètent, et les dépenses de fonctionnement explosent.
Le budget régional 2026 devait être celui du redressement. Il risque d’être celui du report permanent, où l’on repousse les réformes pour éviter les confrontations.
Le formateur Leisterh essaie de sauver la face, mais sans consensus clair entre le PS, Les Engagés, Groen et l’Open VLD, la réforme de fond reste hors de portée.
Une Région qui vit à crédit
Bruxelles ressemble de plus en plus à une capitale qui vit à crédit.
Crédit budgétaire, crédit politique, crédit de patience.
Chaque année, les déficits s’accumulent, les plans de redressement se succèdent et les coalitions s’effritent.
Le discours de responsabilité ne suffit plus : il faut un choc de vérité.
Le budget régional 2026 devait marquer un tournant. Il devient le symbole d’une Région qui reporte l’inévitable : revoir son modèle de gouvernance avant qu’il ne s’effondre sous le poids de ses contradictions.
À la Bibliothèque Solvay, les négociateurs se succèdent comme à un bal des illusions : chacun promet la responsabilité, mais tous refusent le sacrifice.
Le formateur David Leisterh (MR), fidèle à son rôle, tente de ramener un peu d’ordre dans un chaos institutionnel.
Mais la vérité est brutale : Bruxelles dépense plus qu’elle ne produit, subventionne plus qu’elle ne réforme, et repousse depuis trop longtemps les décisions difficiles.
Les fractures communautaires, les querelles partisanes et les majorités bancales achèvent de paralyser la machine régionale.
la Région bruxelloise au bord de la rupture
Ce qui se joue à la Bibliothèque Solvay dépasse la technique budgétaire : c’est le reflet d’une gouvernance bruxelloise à bout de souffle.
Les partis continuent de défendre des lignes idéologiques figées alors que les caisses sont vides.
Le formateur Leisterh, en proposant un scénario « réaliste » à 1,5 milliard de déficit, tente surtout d’imposer un diagnostic lucide, là où beaucoup préfèrent encore le déni.
Mais sans vision politique commune, sans courage de dire où couper et comment réformer, ce budget n’aura pas de colonne vertébrale.
Et Bruxelles, capitale de l’Europe, continuera à gérer sa dette comme un malade chronique sous perfusion.
Derrière les chiffres, il y a une réalité politique : Bruxelles est en déficit de vision.
Les partis gèrent la capitale comme un budget électoral, non comme une ville à reconstruire.
Tant qu’on préférera sauver des équilibres de coalition plutôt que d’affronter la vérité comptable, le « modèle bruxellois » restera une fiction : celui d’une capitale européenne incapable d’assumer ses responsabilités locales.
Clémentine Barzin (MR) :
"Selon elle, le déficit de 2025 ajoute une dette de 1.295 euros sur chaque habitant de la Région-capitale largement prise en charge par la classe moyenne qui a tendance à quitter la capitale."
"Mais elle s’est voulue optimiste, en appelant à la responsabilité des partis du Parlement pour rassembler autour d’une ambition réelle d’une diminution du déficit annuel d’un milliard d’euros sur une trajectoire 2026-2029."
Les Engagés, Moussa Diallo:
"a jugé que l’absence de gouvernement bruxellois plus de quinze moins après les élections “nous plonge dans l’incertitude totale quant à la maitrise de notre avenir en tant que Bruxellois. La conséquence de ce blocage est le rejet croissant de la politique par les citoyens le désarroi du monde associatif, la démotivation de l’administration et la perte de confiance des entreprises”, a-t-il averti."
Zakia Khattabi (Ecolo)
"a soutenu qu’il y aura des économies à réaliser. “Mais la vraie rigueur ne consiste pas à tailler aveuglément, dans la dépense…Si elle se traduit par un choix en matière sociale, environnementale ou éducative elle risque de coûter beaucoup plus cher demain, en prospérité comme en cohésion sociale”, a-t-elle averti."
Benjamin Dalle CD&V
“Le budget est l’épine dorsale du projet de gouvernement. Il faut y contribuer dès le premier jour. Je constate que les six partis ont discuté des mémorandums et des tableaux budgétaires lundi, mardi et mercredi, qu’ils ont depuis mis en place des groupes de travail et qu’ils se réuniront à nouveau lundi”, a-t-il fait observer. “Je trouve incompréhensible l’exclusion du CD&V”, a conclu Benjamin Dalle.
Alexia Bertrand (Open VLD)
“La situation budgétaire à Bruxelles est catastrophique : un déficit de 1,6 milliard d’euros sur un budget de 8 milliards d’euros.”
Yorum Yazın