OPINION
50 jours de survie : stop ou encore?
L’ultimatum qui met la Belgique sous tension
Par Kadir Duran — Bruxelles Korner, samedi 8 novembre 2025

La coalition Arizona tourne à vide, le budget fédéral patine, et Bart De Wever s’accorde 50 jours – pas un de plus – pour décrocher un compromis avant Noël. En cas d’échec, il démissionnera.
En coulisses, tout le monde sait ce que cela signifie : douzièmes provisoires au 1ᵉʳ janvier, réformes reportées et un pays qui avance au ralenti.
Ce qui tombe à l’eau (au moins jusqu’en mars)
• Pas de bonus-malus pension
• Pas de réforme du travail de nuit
• Pas de taxe sur les plus-values (loi pas prête → entrée en vigueur au 1/01 impossible)
Conséquence :
La Belgique glisse vers les douzièmes provisoires.
Les réformes, au mieux, démarreront le 1ᵉʳ avril (calendrier paie/logistique).
Coût estimé : 1,2–1,7 Md€ de rendement perdu d’ici fin mars.
Sur la taxe sur les plus-values, l’accord existe (taux 10 % — franchise 10 000 €), mais l’opérationnalisation bancaire, le “reset” des portefeuilles et l’exécution juridique sont loin d’être finalisés.
Sans loi, rien ne démarre.
Un moment politique tendu : crispations et positions tranchées
• De Wever dramatise la scène : « d’ici Noël ou la fin ».
• Conner Rousseau dénonce les “humiliations” infligées au PM et réclame un effort clair des hauts revenus.
• Alexia Bertrand fustige une préparation budgétaire « trop tardive, trop peu structurée ».
En réalité, le duel est ailleurs : MR vs N-VA.
Pas d’impôts nouveaux côté libéral francophone vs “il faut choisir” côté nationaliste.
L’ultimatum transforme le bras de fer en pari politique.
Pourquoi les douzièmes provisoires sont un très mauvais signal
La BNB prévient :
• trajectoire de dette dangereuse
• explosion de la charge d’intérêts
• les retards aggravent mécaniquement le déficit
Les douzièmes provisoires “calment” juste la dépense.
Ils ne réparent rien.
Conséquences directes pour le citoyen et les entreprises
Carrière/paie : pas d’allègement via la quotité exonérée en janvier → glissement au 1ᵉʳ avril.
Épargne : incertitude totale tant que la loi plus-values n’est pas votée.
Travail : heures de nuit et activation des malades de longue durée repoussées.
Deux scénarios d’ici Noël
1) Encore – compromis
• Vote express fin décembre
• Application réaliste : 1ᵉʳ avril
• Plus-values : texte finalisé, mise en œuvre partielle en 2026
2) Stop – rupture
• Démission du Premier ministre
• Douzièmes provisoires prolongés
• Réformes gelées
• Mauvais signal aux marchés
Bouchez, seul contre tous ? Le moment GLB
Derrière l’impasse budgétaire, un nom revient partout : Georges-Louis Bouchez.
Les partenaires de l’Arizona, d’abord discrètement puis ouvertement, le désignent comme le principal responsable du blocage.
Même Maxime Prévot, habituellement mesuré, finit par lâcher :
« L’attitude du MR est l’une des causes de cette difficulté. »
La ligne de Bouchez est limpide :
« Moins de dépenses, pas plus d’impôts. »
Et surtout : il ne cède pas à Bart De Wever.
Un stratège libéral le résume ainsi :
« De Wever n’est pas habitué à avoir quelqu’un qui lui résiste. Bouchez, lui, avance. »
Mais ce pari a un coût
• Populaire : refuser TVA + saut d’index
• Dangereux : être vu comme le saboteur du gouvernement
Pendant ce duel à huis clos, la machine budgétaire se grippe :
• 1,3–1,6 Md€ de rendement reporté
• prépensions et emploi décalés
• taxe plus-values en suspens
• réformes paralysées
Un an perdu.
Un milliard évaporé.
Un pays qui tourne au ralenti.
Ligne éditoriale de Bruxelles Korner
L’État ne peut pas gouverner trois mois en mode “veille” et espérer un miracle comptable au printemps.
Les douzièmes provisoires évitent les excès, mais ils ne corrigent rien.
L’ultimatum oblige chaque parti à assumer ce qu’il veut vraiment réformer et quel impôt il accepte d’expliquer aux citoyens.
Sources principales : Reuters (ultimatum 50 jours), 7sur7/HLN (Rousseau), RTL Info (estimations pertes), BNB (dette/trajectoire), Belfius/FEB/Febelfin (paramètres plus-values).










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