La précarité tue à Bruxelles
GUNDEMLa précarité tue à Bruxelles
Une tragédie de plus dans les couloirs du métro : la précarité tue à Bruxelles
Un drame glaçant à Anneessens
Mercredi 17 juillet, vers 4h30 du matin, un drame s’est joué dans le silence d’une ville encore endormie. Une personne, tentant vraisemblablement de trouver refuge dans la station de métro Anneessens, a été mortellement coincée dans un volet métallique automatisé, utilisé pour fermer les accès au réseau souterrain durant la nuit. La STIB a confirmé le décès sur place, relayé par le média flamand Bruzz.
Ce n’est pas un cas isolé. Quelques semaines plus tôt, un autre homme est décédé après avoir été expulsé de la station Saint-Guidon à Anderlecht. En 2023, un corps sans vie avait été retrouvé dans la station Mérode. La liste s’allonge, comme un funeste inventaire de la misère urbaine.
À Bruxelles, la rue est devenue le seul abri de près de 10 000 personnes, selon le dernier dénombrement réalisé en novembre 2024 par Bruss’help. Parmi elles, près de 1 000 dorment directement dans la rue, souvent dans les stations de métro, les tunnels, les parkings souterrains ou sous les ponts.
La fermeture automatique des stations, bien qu’indispensable à la sécurité du réseau, devient un piège mortel pour ces femmes et ces hommes à la recherche d’un peu de chaleur, d’abri et de répit. Le métro est leur dernier refuge… et parfois leur dernière demeure.
La STIB tire la sonnette d’alarme. L’augmentation du sans-abrisme et de la consommation de drogues a des effets directs sur le sentiment d’insécurité dans les transports en commun.
« De plus en plus de personnes se retrouvent malheureusement sans-abri, et la consommation de drogues augmente considérablement dans tout Bruxelles », explique la société dans un communiqué. « Cela a des répercussions négatives sur notre réseau. »
Pour répondre à ce phénomène, la STIB a renforcé ses dispositifs :
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Mais la STIB rappelle aussi ses limites : elle n’est pas une institution d’aide sociale, et ne peut se substituer aux politiques publiques en matière de logement, santé mentale ou addiction.
L’association Les Morts de la Rue, qui documente et commémore les décès de personnes sans domicile, rappelle que ces drames ne sont pas de simples faits divers. Ils témoignent d’une politique insuffisante, de réponses sociales inadaptées, et d’un système d’accueil souvent saturé.
La Croix-Rouge de Belgique parle d’un phénomène “en constante augmentation”. Elle note une explosion des chiffres :
• De 7 134 personnes en 2022, on est passé à 9 777 en 2024, soit une hausse de 25 % en deux ans.
• En Wallonie, 4 713 enfants vivent sans logement fixe.
• Les femmes représentent 1 personne sans-abri sur 3, bien que souvent invisibilisées.
Des solutions… encore trop limitées
Des dispositifs existent, mais restent sous-dimensionnés :
• Le Samusocial peut accueillir jusqu’à 1 000 personnes par nuit, avec des repas, douches, soins et accompagnement psychosocial.
• Des équipes mobiles sillonnent chaque nuit les rues pour venir en aide aux plus vulnérables.
• Un numéro vert d’urgence reste accessible : 0800 99 340.
Mais face à la pression sociale, à la hausse des loyers, à la crise de l’accueil des demandeurs d’asile, et au manque de logements publics, ces initiatives ressemblent à des pansements sur une plaie ouverte.
Des politiques à la traîne : vers une stratégie globale ?
La Région bruxelloise vise « zéro sans-abri d’ici 2030 », selon le Masterplan “Sortir du sans-abrisme”. Mais l’écart entre les ambitions affichées et la réalité vécue par les personnes concernées reste abyssal. Le métro devient le révélateur d’un échec collectif.
Car derrière chaque drame, c’est la dignité humaine qui est en jeu.
En mémoire de celles et ceux tombés dans l’oubli
Le décès de la personne à la station Anneessens n’est pas seulement un fait divers. C’est un symbole de l’indifférence qui tue. Dans l’un des quartiers les plus centraux de Bruxelles, capitale européenne, on meurt encore seul, coincé dans un volet de station de métro.
Tant que dormir sous un tunnel ou dans une rame restera plus sûr que trouver une place en hébergement, le sans-abrisme ne sera pas un choix, mais une condamnation.
• Samusocial (hébergement d’urgence) : 0800 99 340
• Bruss’help (orientation et structures d’accueil) : www.brusshelp.org
• Croix-Rouge : aide d’urgence toute l’année, distribution de repas, matériel et hébergements temporaires
• Includo - STIB : médiation sociale dans les stations, soutien humain et orientation
Face à l’urgence, le monde associatif joue un rôle indispensable pour combler les lacunes des politiques publiques. Ces structures accueillent, écoutent, nourrissent et accompagnent des centaines de personnes chaque jour, souvent avec des moyens dérisoires.
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