Préparer l’élargissement, c’est préparer l’avenir de l’Europe.
BELÇİKA HABER - ACTUALITE BELGIQUEPourquoi la Turquie reste le seul candidat à être mis au frigo alors que les Balkans avancent à grande vitesse
L’Europe ne veut pas d’une “tête de Turc”
Pourquoi la Turquie reste le seul candidat à être mis au frigo alors que les Balkans avancent à grande vitesse
Par Kadir Duran /Bruxelles Korner
L’élargissement de l’Union européenne entre dans une nouvelle phase.
Parmi les neuf pays candidats –
Bruxelles rappelle le principe cardinal :
Chaque progrès exige des réformes, la défense de l’État de droit et l’intégration progressive des normes européennes.
Pour plusieurs États membres, dont la France, la logique est claire :
Préparer l’élargissement, c’est préparer l’avenir de l’Europe.
Mais ce futur ne semble pas inclure pas encore la Turquie.
La question revient sans cesse.
Et la réponse, froide, bureaucratique, politique, tient en un constat :
les conditions ne sont plus réunies ni à Bruxelles, ni à Ankara.
Le Conseil de l’UE l’a confirmé :
La Turquie reste candidat officiel, mais le dossier est rangé au frigo, étiqueté “jusqu’à nouvel ordre”.
Depuis 2016, l’UE observe :
• recul de l’indépendance de la justice,
• pressions sur les médias,
• usage extensif des lois antiterroristes,
• restrictions sur les ONG,
• affaiblissement de l’opposition démocratique.
Tant que ces critères ne reviennent pas au niveau des standards européens,
Le passage à un hyper-présidentialisme, la concentration du pouvoir et les tensions politiques internes sont interprétés comme un éloignement des critères de Copenhague.
Mer Égée, Syrie, Libye, forages gaziers, frontières aériennes :
Or un pays en litige avec plusieurs voisins européens n’est pas considéré comme “élargissable”.
C’est le blocage structurel.
Un conflit gelé avec un État membre =
Simple. Mécanique. Infranchissable.
La Turquie s’oriente vers :
• plus d’autonomie stratégique,
• des alliances flexibles (OTAN, Asie centrale, Golfe, Russie),
• des partenariats bilatéraux plutôt qu’une intégration contraignante.
Et l’opinion publique turque se montre, elle aussi, de plus en plus sceptique.
Ukraine, Moldavie, Balkans occidentaux :
La Turquie n’entre plus dans cette équation stratégique.
Le modèle actuel est clair :
Pas une adhésion.
Pas même une “pré-adhésion”.
Un partenariat fonctionnel, sans horizon d’intégration.
Et la Turquie est de très loin le partenaire le plus complexe du continent.
Voici les trois raisons systémiques.
Ce n’est ni religieux, ni identitaire.
C’est juridique.
Alignement CFSP 2024–2025 :
• Turquie : 5 à 7 %
• Albanie : 100 %
• Monténégro : 100 %
Tu peux être musulman, chrétien ou athée :
Ankara refuse. Bruxelles ferme la porte.
Le rapport 2025 est clair :
• aucun progrès sur les arrêts CEDH,
• pressions sur les médias (RSF 2025 : 159ᵉ/180),
• cadre anticorruption insuffisant,
• justice politisée.
Ce n’est pas religieux.
• Négociations gelées depuis 2018
• Commerce record : 210 milliards €
• L’UE a versé 11 milliards € pour les réfugiés syriens
• Coopération migratoire essentielle
• Alignement CFSP : très faible
• Positions turques “à contre-courant” des priorités européennes
• 69 arrêts CEDH non exécutés
• 205 dossiers sous surveillance renforcée
• Liberté de la presse “très grave” (RSF)
• Blocage total sur Chypre
• Forages et tensions navales → sanctions limitées
• Déséquilibres, manque de transparence, gouvernance des entreprises publiques
• Avancées techniques (ETS turc)
• Mais alignement incomplet sur normes européennes
Rien à voir avec la religion.
Tout à voir avec la géopolitique et la compatibilité politique.
• Alignement 100 % sur politique étrangère
• Réformes judiciaires plus avancées
• Aucun conflit avec des États membres
• Soutien total à la politique de sanctions
• Dossiers techniques (marché intérieur, SEPA, acquis) qui progressent vite
• Alignement minimal
• Conflit avec Chypre
• Dossier politique explosif
• Taille du pays → risque d’absorption institutionnelle
• État de droit jugé incompatible
La Turquie n’est pas bloquée parce qu’elle est musulmane.
Elle est bloquée parce qu’elle est :
Les Balkans avancent plus vite non pas parce qu’ils sont “chrétiens”,
mais parce qu’ils sont petits, alignés, stratégiquement utiles et politiquement gérables.
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