Budget fédéral 2026-2029 : un vote de confiance… mais la confiance, elle, reste à construire
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Opinion
Budget fédéral 2026-2029 : un vote de confiance… mais la confiance, elle, reste à construire
Par Kadir Duran — Bruxelles Korner
Bruxelles, 28/11/2025
Le Parlement a accordé ce matin sa confiance au gouvernement, qui a présenté les grandes lignes du budget fédéral 2026-2029.
Un budget annoncé comme « juste », « équilibré » et « tourné vers l’avenir ».
Dans les faits, il s’agit surtout d’un exercice d’assainissement massif, sans précédent depuis l’ère Dehaene.
32 milliards d’assainissement : miracle comptable ou nécessité froide ?
En additionnant tous les accords engrangés depuis l’arrivée de ce gouvernement, l’exécutif revendique 32 milliards d’efforts.
Sur le papier :
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80 % via des réductions de dépenses et des réformes,
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20 % via de nouvelles recettes.
Un ratio flatteur, mais qui laisse une question clé : où tombent les économies, et sur qui ?
Un budget « difficile mais juste » ? Cela dépend pour qui.
Le gouvernement insiste : il s’agit d’un budget « difficile », mais « équitable ».
Les mesures ciblent plusieurs axes :
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Revalorisation du travail
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Compétitivité des entreprises
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Pouvoir d’achat préservé
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Remise à l’emploi des malades de longue durée
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Lutte contre les abus fiscaux et sociaux
En réalité, derrière la communication lisse, l’effort repose principalement sur la compression de la dépense publique, dans un pays où les services publics sont déjà sous tension :
soins de santé, mobilité, justice, accueil des demandeurs d’asile, administrations fédérales exsangues…
« Remettre les finances publiques sur les rails » : oui, mais à quel prix social ?
Le discours officiel parle d’un budget qui « remet la Belgique sur les rails ».
Mais dans les couloirs du Parlement, beaucoup s’interrogent :
ce redressement sera-t-il soutenable sans casser davantage l’État social ?
Car si l’objectif est louable stabiliser enfin la trajectoire budgétaire le risque est clair :
faire payer le redressement à ceux qui n’ont plus grand-chose à donner,
tandis que certaines réformes structurelles attendues depuis des années restent au point mort.
Depuis Dehaene, jamais un gouvernement n’avait imposé un tel effort
L’exécutif aime rappeler que la Belgique n’avait plus connu un assainissement d’une telle ampleur depuis l’ère Dehaene.
La comparaison est audacieuse :
Dehaene avait restructuré pour préparer l’entrée dans l’euro.
Aujourd’hui, cet assainissement se fait pour combler des années d’inaction et de dérapages régionaux et fédéraux accumulés.
Entre communication triomphale et scepticisme du terrain
Au final, la confiance votée aujourd’hui ne doit pas faire illusion :
elle est politique, pas populaire.
Car une chose reste incontestable :
la confiance des citoyens, elle, ne se vote pas. Elle se gagne.
Et pour cela, il faudra plus qu’un budget « difficile mais juste ».
Il faudra des résultats.
Confiance votée… d’un doigt. Une majorité qui tient debout, mais sur un fil.
La confiance au gouvernement a été votée aujourd’hui.
Mais pas triomphalement.
Pas dans l’enthousiasme.
Juste d’un doigt.
Une majorité arrachée, fragile, presque tremblante un signal politique qui en dit plus que tous les discours.
Une confiance pour éviter l'explosion en fin d’année
Soyons honnêtes : cette confiance ressemble davantage à une opération de survie qu’à une adhésion pleine et entière au projet budgétaire 2026-2029.
Dans les coulisses, beaucoup reconnaissent que ce vote n’est rien d’autre que :
➡️ un bouclier improvisé pour éviter l’éclatement du gouvernement avant janvier,
➡️ un geste obligé, pas une conviction,
➡️ un moyen de retarder l’implosion annoncée.
Le climat est tellement tendu que l’on a parfois l’impression que ce gouvernement tient ensemble par réflexe, pas par vision commune.
Une victoire politique… mais une victoire maigre
On peut l’appeler “victoire” si l’on veut, mais ce vote de confiance ressemble surtout à un dernier souffle.
Car voter la confiance n’est pas gouverner.
Et maintenir un pays stable en 2026, ce sera une autre histoire.
2026 : l’année la plus agitée que la Belgique ait connue depuis longtemps
Le budget 2026-2029 a beau être présenté comme « juste, équilibré et tourné vers l’avenir »,
2026 s’annonce turbulente :
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tensions sociales déjà visibles,
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réformes difficiles à porter,
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risques d'explosions politiques internes,
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fatigue généralisée du citoyen,
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régions et fédéral en désalignement permanent,
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pressions extérieures (marchés, Commission européenne),
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capacité administrative affaiblie.
Le pays entre dans une zone météo où tous les nuages se croisent.
Espérons que les partis ont vu juste
Il reste un espoir mesuré, fragile, mais réel :
celui que les partis aient pris la bonne décision,
qu’ils aient choisi la stabilité plutôt que la rupture immédiate,
et que le pays puisse reprendre de l’aplomb,
retrouver un cap,
et éviter d’être à nouveau plombé par les querelles internes, les retards, les compromis paralysants.
Mais aujourd’hui, une seule chose est certaine :
la confiance est votée…
pas gagnée.
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