30ᵉ édition de l’Entreprise de l’Année
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30ᵉ édition de l’Entreprise de l’Année
Francophones ce soir, Flamands demain : Trasis, Lizy et toute une Belgique qui doute… mais qui entreprend
Par Kadir Duran – Bruxelles Korner
Aujourd’hui, 1ᵉʳ décembre, la Belgique francophone a célébré ses champions :
Trasis, sacrée Entreprise de l’Année 2025, et Lizy, désignée Scale-up de l’Année 2025.
Demain, ce sera au tour de la Flandre de monter sur scène. Mais ce soir, dans une salle francophone qu’on espère “trop petite l’an prochain”, c’est toute une région qui a voulu se prouver qu’elle sait encore rêver grand.
Une soirée de prix… et de récit collectif
Dès les premières phrases du maître de cérémonie – “bonsoir mesdames et messieurs les ministres, chers membres du jury, chers lauréats, chers anciens gagnants” – le ton est donné :
on ne se contente pas de distribuer des trophées, on écrit un récit sur l’entrepreneuriat francophone.
Sur scène, on célèbre :
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7 finalistes :
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4 pour Entreprise de l’Année : Eloy, Louyet, Stanley/Stella, Trasis
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3 pour Scale-up de l’Année : GoVocal, Lizy, Insight
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et les 30 entreprises qui ont marqué l’histoire du concours depuis sa création.
Le prix est clairement positionné :
récompenses pour des entreprises privées dirigées par des entrepreneurs-actionnaires.
Les sociétés à actionnariat public (Sonaca, etc.) sont hors-jeu : ici, on met en avant ceux qui prennent le risque avec leur propre capital.
Scale-ups : participation citoyenne, optimisation, mobilité électrique
Le jury déroule une galerie de modèles made in francophonie :
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GoVocal : une plateforme de participation citoyenne qui veut “réinventer et redynamiser le modèle démocratique” en impliquant les citoyens dans les décisions locales.
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Insight : des modèles mathématiques sophistiqués pour aider les entreprises à “faire plus avec moins de ressources”, dans une logique de durabilité.
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Lizy : du leasing 100 % digital de voitures d’occasion, souvent électriques, combinant économie circulaire et décarbonation.
BNP Paribas Fortis, partenaire du concours, rappelle les besoins concrets des scale-ups :
fonds de roulement, capital-risque, et surtout accompagnement à l’international.
L’objectif est clair : aider les scale-ups belges à “conquérir le monde”, pas à rester des curiosités locales.
Lizy, Scale-up de l’Année 2025 : changer une industrie, pas juste un business model
Le moment tombe :
“La Scale-up de l’Année 2025 est… Lizy !”
Lizy s’impose comme acteur de rupture dans le leasing automobile.
Il y a sept ans, aucune grande société de leasing ne voulait toucher à l’occasion. Aujourd’hui, toutes s’y mettent… souvent en citant Lizy comme source d’inspiration.
Sur scène, son CEO rappelle que la start-up “change une industrie gigantesque” et assume une ambition simple :
devenir le leader européen du leasing d’occasion.
Derrière le pitch marketing, il y a une réalité :
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un modèle circulaire (seconde vie des véhicules, notamment électriques) ;
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une approche full digitale qui bouscule les mastodontes européens ;
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une équipe qui passe du statut de “petit ovni de Lab Box” à celui de référence du marché.
Éloy, Louyet, Stanley/Stella : trois façons de “faire du belge” autrement
Côté Entreprise de l’Année, les finalistes racontent trois histoires très différentes, mais toutes profondément ancrées dans le territoire.
Eloy : le “clan” de 1.500 personnes
Entreprise familiale de construction enracinée en Wallonie, Eloy assume parler de “clan” :
une grande famille de 1.500 collaborateurs, portée par trois co-dirigeants (frères et cousin).
Leur credo : humain, durabilité, performance.
Leur force : un “fighting spirit” qui pousse à l’amélioration continue.
Groupe Louyet : la montée en gamme à la belge
À Charleroi, le groupe Louyet est devenu un acteur majeur de la mobilité premium.
En cinq ans :
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effectifs x3,
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chiffre d’affaires x4,
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bénéfice multiplié par 30.
La troisième génération a repris le flambeau avec un choix clair :
soit vendre à un grand groupe, soit créer son propre champion.
Ils ont choisi la deuxième option et ça se voit.
Stanley/Stella : le textile qui ne transige pas sur la durabilité
Dans un secteur ultra concurrentiel, Stanley/Stella s’est imposée avec un textile responsable, traçable jusqu’au fermier qui plante le coton.
Durabilité non pas comme slogan, mais comme ligne de conduite, même en pleine crise Covid avec -85 % de chiffre d’affaires :
“on n’a pas changé de cap”, insiste son dirigeant.
Trasis, Entreprise de l’Année 2025 : de Liège à la Chine, avec la cancer pour ennemi
Enfin, vient le tour de Trasis, biotech liégeoise déjà connue pour ses équipements de médecine nucléaire.
La vidéo projetée résume bien le projet :
“Nous créons des mini-laboratoires automatisés pour produire des médicaments qui diagnostiquent et traitent le cancer de manière précise, avec des effets secondaires limités.”
Trasis, c’est :
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un marché de niche, ultra technologique ;
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des solutions intégrées : conception, fabrication, affaires réglementaires, services ;
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un modèle type “machine à expresso” : on vend l’équipement et les consommables qui le font tourner.
Résultat :
chiffre d’affaires et effectifs multipliés par presque 4 en cinq ans.
Et surtout une présence mondiale, avec des clients dans une soixantaine de pays.
Le jury : passion, performance, impact sociétal
Du côté du jury, on insiste sur trois dénominateurs communs à tous les finalistes :
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Une passion visible dans le management et les équipes.
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Une performance financière hors norme, sur plusieurs années, pas sur un coup.
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Une ambition future crédible, avec une vision claire de ce qu’il faut pour y arriver.
Le critère clé, répété par plusieurs jurés :
la valeur ajoutée créée par l’entreprise, au-delà des chiffres.
Autrement dit : quelle contribution réelle à la société ?
Les ministres : croissance, emploi, sécurité sociale… et compétitivité
Sur scène, les ministres enfilent leur rôle : rappeler que sans entreprises, pas de croissance, pas d’emplois, pas de sécurité sociale.
On promet :
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des cotisations sociales allégées,
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une énergie plus abordable,
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des procédures simplifiées,
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un soutien aux investissements.
Le message est classique, mais clair :
“Notre rôle est de créer un environnement où les entreprises restent le moteur de l’économie.”
Et le grand gagnant est… Trasis
Le suspense tombe :
“L’Entreprise de l’Année 2025 est… Trasis.”
La justification du jury :
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une histoire humaine forte (la rencontre de deux fondateurs) ;
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une ténacité sur vingt ans ;
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un modèle équilibré entre équipements et consommables,
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un business à plus de 99 % réalisé à l’export, avec une pérennité évidente.
Le discours de Gauthier Philippart : de la Chine à Liège, et un message pour l’Europe
Le CEO de Trasis, Gauthier Philippart, livre un discours à la fois personnel et politique.
Quelques moments clés :
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Il rappelle que ce sont les employés qui ont insisté pour participer au concours :
450 femmes et hommes qui se battent au quotidien pour que le cancer soit mieux diagnostiqué et traité. -
Il raconte une mission économique en Chine avec le Roi, il y a dix ans, où Trasis a signé son premier contrat chinois.
Dix ans plus tard, l’entreprise rachète son distributeur local et est désormais présente à Liège, Grenoble, Atlanta et en Chine. -
Puis il glisse un message très clair aux responsables politiques :
? l’Europe doit retrouver une feuille de route industrielle,
? développer et maîtriser ses technologies,
? et offrir un cadre stable pour que les entreprises puissent innover, produire et commercer.
Sa phrase de fond pourrait se résumer ainsi :
si la Chine peut décider de sa trajectoire, l’Europe aussi.
Et la Wallonie n’est pas condamnée à regarder passer les trains.
Francophones vs Flamands : la petite phrase qui pique
En fin de soirée, un appel du côté de l’animation :
on demande au public francophone de remplir encore plus la salle l’année prochaine…
parce que “demain, côté flamand, la salle sera pleine”.
La phrase fait sourire, mais elle dit aussi quelque chose :
la confiance entrepreneuriale n’est pas répartie de façon homogène en Belgique.
La Flandre a pris une longueur d’avance, mais la Wallonie et Bruxelles ont des pépites : Trasis, Lizy, Eloy, Stanley/Stella… et bien d’autres.
Ce que cette soirée dit vraiment de la Belgique 2025
Au-delà des paillettes et des discours, cette 30ᵉ édition envoie quelques messages forts :
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La Belgique francophone a des champions mondiaux dans la biotech, la mobilité, le textile, la construction.
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L’enjeu n’est plus de savoir s’il y a du talent, mais de créer l’environnement qui permet à ces entreprises de rester, de grandir et d’essaimer.
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La réindustrialisation européenne n’est plus un slogan : des entreprises comme Trasis en sont la preuve concrète.
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Les scale-ups ne demandent pas qu’un prix : elles demandent du capital, des règles claires, et un pays qui les pousse vers l’international, pas qui les freine.
Conclusion – Une Belgique qui se cherche, mais qui avance
Ce soir, la francophonie économique a voulu montrer qu’elle est capable de “casser la baraque”.
Demain, les lauréats flamands compléteront le tableau.
Entre Trasis qui veut réindustrialiser la Wallonie, Lizy qui veut devenir leader européen, Eloy qui parle de “clan”, Stanley/Stella qui refuse de sacrifier la durabilité…
c’est toute une Belgique entrepreneuriale, exigeante et ambitieuse qui s’est donnée rendez-vous.
Reste une question :
les politiques suivront-ils le rythme des entrepreneurs, ou continueront-ils à courir derrière eux ?
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