BRUXELLES KORNER
Kadir Duran
ANALYSE
Giorgia Meloni en quête de l’Asie centrale
DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE
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L’Italie en Asie centrale : ambition ou repositionnement stratégique ?
D'après l'article de Teymur Atayev – 30 mai 2025
Une nouvelle ère entre l’Europe et l’Asie centrale
C’est une première historique : en avril 2025, l’Union européenne a réuni les cinq pays d’Asie centrale pour un sommet inédit. À cette occasion, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a proclamé le début d’une « nouvelle ère » de coopération.
Avec à la clé une promesse d’investissement de 12 milliards d’euros via l’initiative Global Gateway, l’objectif est clair : financer des projets dans les domaines de l’infrastructure, de l’énergie verte, de la numérisation et des matières premières stratégiques.
Rome se positionne : Sommet Meloni à Astana
Ce 30 mai, l’Italie prend le relais en organisant à Astana (Kazakhstan) un sommet entre les dirigeants des cinq pays d’Asie centrale et la Première ministre Giorgia Meloni.
Jusqu’à présent, seule l’Allemagne avait tenu un sommet de ce type en 2023. Mais cette fois, Rome affiche ses ambitions à long terme, comme l’a souligné le ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani :
« L’Asie centrale est une priorité de notre nouveau Plan d’exportation. Nous voulons bâtir des ponts solides et durables entre l’Italie et la région. »
Photo credit: Press service of the President of Uzbekistan
Enjeux sectoriels : eau, énergie, infrastructures
Parmi les quatre axes de coopération privilégiés :
Énergie
Transport
Infrastructures
Gestion des ressources en eau
L’objectif ? Créer une relation gagnant-gagnant entre les entreprises italiennes et les économies émergentes d’Asie centrale.
Focus sur deux partenaires clés
Kazakhstan
Les discussions à Astana portent sur une coopération stratégique dans l’énergie, le commerce, la sécurité internationale et les échanges culturels.
Giorgia Meloni a signé des accords portant sur une somme de 4 milliards d'euros avec le Kazakhstan.
Ouzbékistan
Photo credit: Press service of the President of Uzbekistan
L’Italie est déjà bien implantée : sur 54 entreprises à capital italien, 35 sont financées exclusivement par l’Italie.
Parmi les projets phares :
Une exploitation agricole dans la région de Jizzakh (safran et plantes médicinales).
La présence de l’Université Polytechnique de Turin, pionnière dans l’enseignement supérieur ouzbek.
Le climat et la logistique au cœur des priorités
En 2024, l’Agence italienne pour la coopération au développement a lancé un projet commun pour la régénération des zones polluées et la gestion durable des ressources hydriques, notamment autour de la mer d’Aral.
En parallèle, Rome s’engage dans le développement de réseaux ferroviaires et portuaires, afin de :
Booster la compétitivité des économies locales
Sécuriser les chaînes logistiques
Répondre à l’urgence climatique
L’Italie face à la concurrence mondiale
UNE INITIATIVE STRATÉGIQUE FACE À LA CONCURRENCE MONDIALE L’Italie ne fait pas cavalier seul. Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie européenne plus large face à une concurrence accrue de la Chine, de la Russie, de la Turquie et des pays du Golfe, déjà très présents dans la région.
Dans un contexte de forte rivalité géopolitique, l’Italie ne veut pas laisser la Chine, la Russie, la Turquie ou les États du Golfe dominer l’Asie centrale.
Rome voit la région comme :
Un réservoir de ressources naturelles
Un carrefour stratégique pour les flux commerciaux
Un pivot géopolitique en pleine recomposition
Un virage diplomatique à concrétiser
Le sommet d’Astana marque sans doute une étape importante : celle où l’Asie centrale commence à être considérée non plus comme une arrière-cour géopolitique, mais comme un acteur à part entière.
Mais pour transformer cette dynamique en relations durables, il faudra aller plus loin que les discours. Les investissements concrets seront la clé du succès.
À l’agenda du sommet
✔️ Développement du corridor transcaspien (Middle Corridor)
✔️ Projets d’énergie renouvelable
✔️ Sécurité et coopération régionale
✔️ Infrastructures ferroviaires et portuaires
✔️ Échanges universitaires et culturels
Conclusion
L’engagement accru de l’Italie en Asie centrale n’est pas anodin : c’est un choix stratégique clair dans une région convoitée. En misant sur une coopération équilibrée et multisectorielle, Rome cherche à s’ancrer dans le futur de l’Eurasie.
Reste à voir si l’Italie – et plus largement l’Union européenne – sauront tenir leurs promesses.
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