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Theo Francken entre polémique nationale et diplomatie militaire

Theo Francken entre polémique nationale et diplomatie militaire

Theo Francken entre polémique nationale et diplomatie militaire : la Turquie comme partenaire stratégique

Par Kadir Duran – 25 juillet 2025

Le ministre belge de la Défense, Theo Francken, continue de surprendre. Après avoir provoqué la controverse lors de la fête nationale du 21 juillet – refusant ostensiblement de crier « Vive la Belgique » aux côtés de Bart De Wever – le voilà en Turquie, en visite officielle, multipliant les rencontres économiques et militaires. Sa posture à Anıtkabir, agenouillé devant le mausolée d’Atatürk, a fait l’effet d’un électrochoc dans le microcosme politique belge.

Un geste symbolique qui tranche avec le discours séparatiste

Pour un ministre issu d’un parti flamand prônant le confédéralisme, ce geste d’hommage à l’un des pères fondateurs d’un État centralisé peut sembler contradictoire. Francken semble vouloir démontrer qu’au-delà des querelles communautaires belges, il se comporte en ministre de la Défense responsable et pragmatique, soucieux de renforcer les alliances stratégiques.

La Turquie : un partenaire militaire incontournable

Ce choix d’Ankara et d’Istanbul comme destinations n’est pas anodin.

Industrie de défense turque : ces dernières années, la Turquie s’est imposée comme un fournisseur compétitif et innovant dans les domaines des drones, des systèmes de défense terrestre et de la cyberdéfense.

Membre de l’OTAN : malgré des tensions politiques, la Turquie reste un allié clé dans l’architecture de sécurité transatlantique, ce qui en fait un interlocuteur crédible pour la Belgique.

Francken enchaîne conférences de presse, négociations et signatures de partenariats, affichant un pragmatisme assumé : « Les rageux vont détester, mais je continue à travailler », a-t-il lancé sur X (ex-Twitter).

Un budget Défense en forte hausse : +50 % en un an

Pour 2025, la Belgique consacre environ 12 milliards d’euros à la Défense, soit 2 % de son PIB, contre 8 milliards en 2024 (1,3 % du PIB). Cette augmentation, inédite depuis des décennies, s’inscrit dans le sillage du sommet de l’OTAN (24-25 juin 2025) où les États membres ont convenu d’un objectif ambitieux : 5 % du PIB consacré à la sécurité d’ici 2035 (dont 3,5 % pour la Défense pure).

Cette trajectoire implique 34 milliards € d’investissements sur la décennie pour moderniser les forces (F-35, frégates, cybersécurité, forces terrestres).

Pressions budgétaires et débats politiques

Pour atteindre les 2 % dès 2025, le gouvernement a eu recours à :

un emprunt massif, des mesures de « comptabilité créative » (reclassement d’infrastructures comme dépenses de Défense),

des lignes de crédit provisoires de 4,6 milliards € sans réel contrôle parlementaire.

La gauche dénonce une « fuite en avant » budgétaire, le PTB parlant même d’un risque de déficit de 60 milliards € d’ici 2029.

Francken, un ministre sous tension politique

Alors qu’il se heurte à Bart De Wever sur la question de l’unité nationale et du rôle symbolique des institutions, Francken tente de redorer son image. Son déplacement en Turquie, ses propos sur la souveraineté militaire et son objectif d’augmenter le budget Défense témoignent de sa volonté de passer pour un homme d’État capable de dépasser le clivage flamand-francophone, au moins sur le terrain de la sécurité.

Prochaine étape ?

Après Istanbul et Ankara , Francken a rencontré les représentants du complexe militaro-industriel turc. Une coopération autour des drones Bayraktar et des systèmes anti-aériens est évoquée, ce qui pourrait marquer un tournant dans la politique d’achats de la Défense belge.

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