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Han Ilhan (UzTMK) : « L’Ouzbékistan est prêt à devenir un partenaire clé pour la transition industrielle de l’Europe »

Han Ilhan (UzTMK) : « L’Ouzbékistan est prêt à devenir un partenaire clé pour la transition industrielle de l’Europe »

Han Ilhan (UzTMK) : « L’Ouzbékistan est prêt à devenir un partenaire clé pour la transition industrielle de l’Europe »

Une stratégie audacieuse pour les matières premières critiques présentée à Bruxelles

Par Kadir Duran – Bruxelles Korner

Bruxelles, 23 octobre 2025

Lors de la Journée économique de l’Ouzbékistan en Europe, organisée à Bruxelles, Han Ilhan, président de la Uzbekistan Technologies and Metal Complex (UzTMK), a livré une intervention remarquée sur l’avenir des matières premières critiques et la stratégie de son pays pour bâtir des chaînes de valeur industrielles intégrées entre l’Europe et l’Asie centrale.

Une réponse stratégique au déséquilibre mondial de l’offre

Dans un discours à la fois technique et visionnaire, Han Ilhan a rappelé que le marché mondial des matières premières critiques souffre aujourd’hui d’un déséquilibre profond :

« Les études convergent toutes vers deux conclusions identiques : les ressources disponibles sont insuffisantes, et elles proviennent pour la plupart d’une seule et même source », a-t-il souligné, évoquant implicitement la dépendance mondiale vis-à-vis de la Chine.

C’est pour répondre à cette vulnérabilité structurelle que le président Shavkat Mirziyoyev a créé TMK, une société nationale regroupant l’ensemble des ressources stratégiques de l’Ouzbékistan.

TMK a pour mission de développer toute la chaîne de valeur, de l’extraction minière à la transformation en produits finis, à travers plus de 100 actifs déjà en exploitation ou en développement.

« TMK n’est pas une société théorique sur papier. Elle opère concrètement en amont et en aval : nous produisons des métaux et des produits finis issus de ces ressources critiques. »

Han Ilhan a également mentionné 50 projets industriels et 50 projets de recherche et développement (R&D) actuellement menés par l’entreprise.

Recherche, innovation et métaux stratégiques

Le dirigeant a insisté sur l’importance cruciale de la R&D dans le domaine des matières premières critiques :

« Nous avons pris conscience tardivement qu’il n’y avait pas assez de matériaux pour soutenir les technologies de 2030 ou 2050. Le lithium, le cobalt, le nickel et le cuivre sont essentiels — mais qu’en est-il du tungstène, du molybdène, du titane, du graphite, du tantale ou du niobium ? »

Ces métaux, a-t-il rappelé, figurent tous sur la liste européenne des matières premières critiques, et l’Ouzbékistan détient des gisements significatifs pour plusieurs d’entre eux.

Des plateformes industrielles intégrées : de la mine à la production

La stratégie de UzTMK repose sur un modèle intégré et pragmatique : créer des plates-formes industrielles intermédiaires à travers le pays, situées dans des zones économiques spéciales — ou Technoparcs — qui permettent de traiter les minerais, produire les métaux, et accueillir des industries en aval.

« Imaginez un site industriel où coexistent plusieurs lignes de production : une pour transformer le concentré de tungstène en métal, une autre pour le molybdène. Ces plateformes deviendront de véritables pôles de transformation. »

L’objectif est double :

• offrir aux industriels européens la possibilité de co-localiser leurs unités de production en Ouzbékistan,

• et garantir un approvisionnement durable en matières premières critiques, tout en profitant d’un environnement fiscal incitatif.

« Ce n’est pas seulement une question d’approvisionnement, c’est la création d’un écosystème industriel ouvert aux partenaires européens, technologiquement avancé et bénéfique pour toute l’Asie centrale », a expliqué Ilhan.

Financer la vision : capital local, partenariats mondiaux

Reconnaissant que « toute vision sans capital reste une vision sur le papier », Han Ilhan a salué la décision du Fonds ouzbek de reconstruction et de développement d’allouer 220 millions de dollars au financement initial de ces projets stratégiques.

« Ce montant n’est pas suffisant, mais il constitue notre point d’ancrage pour les futurs partenariats d’investissement », a-t-il déclaré, invitant les acteurs européens à s’associer au développement des projets TMK.

Ilhan a rappelé que monter dans la chaîne de valeur est essentiel pour un pays enclavé comme l’Ouzbékistan :

« À mesure que l’on avance dans la transformation, le volume diminue mais la valeur augmente. C’est la clé de la compétitivité pour notre pays. »

L’Ouzbékistan, nouveau pôle minier eurasiatique

Dans la conclusion de son intervention, Han Ilhan a livré un message fort sur l’unicité du modèle ouzbek :

« À part la Chine, aucune entité au monde ne possède un portefeuille de projets de cette ampleur et de cette diversité. Je travaille dans ce secteur depuis quarante ans — cela n’existe nulle part ailleurs. »

Il a ainsi appelé les investisseurs et industriels européens à saisir cette opportunité historique :

« L’Ouzbékistan doit devenir votre point de départ pour le développement commun de ces ressources essentielles. Ne courez pas après des projets isolés : associez-vous à notre vision. »

Une ambition claire : devenir un partenaire stratégique de l’Europe

Le message est limpide :

l’Ouzbékistan ne se contente pas d’être un pays riche en ressources, il construit les institutions, les infrastructures et les alliances nécessaires pour devenir un acteur clé de la transition verte et numérique européenne.

Du tungstène au titane, du cuivre au lithium, le pays se positionne comme une alternative stratégique dans la compétition mondiale pour les matières premières critiques — et un partenaire fiable pour une croissance durable et partagée.

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